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Comilédie* de Jacques Cauda par Paul Basso

Dernière mise à jour : 15 avr.

Comilédie, l'œuvre de Jacques Cauda, est un roman singulier qui puise son inspiration dans un contexte créatif riche et complexe. Pour mieux comprendre les raisons qui ont poussé l'auteur à écrire ce livre, il convient d'examiner plusieurs éléments ; tout d’abord le legs de la Divine Comédie de Dante. Cauda ne nie pas son admiration pour Dante et son œuvre majeure. Comilédie est indéniablement une réécriture de la Divine Comédie, mais dans un esprit résolument contemporain et parodique. En reprenant les codes du voyage initiatique et des trois royaumes, Cauda propose une vision de l'au-delà qui est à la fois drôle et décapante, loin de la solennité de Dante. Cauda est un écrivain qui aime expérimenter et bousculer les conventions. Comilédie est un terrain de jeu où il s'amuse à déconstruire les codes de la littérature, à jouer avec la langue et les genres. L'auteur se libère des contraintes formelles et donne libre cours à son imagination, créant ainsi un texte aussi drôle que déroutant. Sous couvert d'une comédie loufoque, Cauda dresse un portrait satirique de notre société, de ses travers et de ses absurdités. Le personnage principal est en quête de lui-même, un thème universel qui résonne particulièrement dans notre monde contemporain. Cauda s'inscrit dans la lignée des écrivains qui ont bousculé les conventions littéraires, tels que Joyce, Céline ou Artaud. Une écriture "mollyfiée" : Le terme "mollyfié" utilisé pour décrire Comilédie renvoie à cette volonté de subvertir la langue et de créer un style unique et déjanté. En résumé, Comilédie est né d'une volonté de renouveler la littérature, de proposer une vision décalée de notre monde et de rendre hommage aux écrivains qui ont osé sortir des sentiers battus. C'est un livre qui invite à la lecture plaisir, mais aussi à la réflexion sur notre société et sur nous.

Cauda :« Comment j’ai écrit Comilédie ? J’ai adapté à l’écrire une pratique qui vient d’Arnulf Rainer : l’automatisme d’output. Arnulf traversait la ville en voiture afin d’obtenir une intensification psychologique nécessaire et ainsi contrer le relâchement musculaire provoqué par les drogues qu’il prenait. Pas de drogue pour moi, sinon de l’alcool et du tabac, mais des femmes, des femmes, des femmes. Celle avec qui l’automatisme d’output a atteint son acmé présentait l’avantage d’être une béance radicale, un trou au carré, elle était cul-de-jatte. Je l’avais hissée à bout de bras jusqu’à mon deuxième étage, Place de la Contrescarpe, où sa duègne-infirmière- accompagnatrice attendait dans un café pendant que nous nous abandonnions à nous-mêmes comme à nos cris de rage amoureuse… »

 

Cauda a désappris de marcher et d’écrire ; il s’envole dans les airs en dansant… Il foule le sol, extasié… il devient avec Comilédie œuvre d’art qui se révèle dans les frissons de l’ivresse pour la profonde délectation de l’être ! C’est une figure singulière du paysage artistique contemporain. Peintre, écrivain, poète, photographe et documentariste, il est à l'origine du mouvement surfiguratif. Son œuvre, riche et prolifique, se caractérise par une grande diversité de formes d'expression et une constante volonté de transgresser les frontières entre les disciplines. La peinture est sans doute le médium qui a le plus marqué le travail de Cauda. Il utilise principalement le pastel à l'huile, une technique qui lui permet d'allier le trait et la couleur dans un même geste. Ses œuvres picturales sont souvent empreintes d'une forte charge émotionnelle et d'une grande expressivité.

L'écriture occupe également une place centrale dans l'œuvre de Cauda. Il a publié de nombreux romans, essais et poèmes, dont le célèbre Comilédie. Son écriture est caractérisée par une grande liberté formelle et un humour souvent caustique. La photographie et le cinéma sont d'autres domaines d'expression explorés par l'artiste. Ses photographies sont souvent des instantanés de la vie quotidienne, saisis avec un regard acéré et poétique.

Plusieurs thèmes reviennent régulièrement dans l'œuvre de Jacques Cauda : La quête identitaire : Le personnage est souvent en quête de lui-même, confronté à l'absurdité du monde et à la difficulté de se construire une identité. La critique sociale : Cauda dresse un portrait satirique de la société contemporaine, de ses travers et de ses absurdités. L'érotisme et la sensualité : Le corps et le désir sont des thèmes récurrents dans son œuvre, abordés avec une grande liberté et une certaine provocation. La mort et la mémoire : La finitude de la vie et la permanence de la mémoire sont des questions qui hantent l'œuvre de Cauda.

L'œuvre de Jacques Cauda a eu une influence considérable sur la scène artistique contemporaine. Il est considéré comme l'un des pionniers du mouvement surfiguratif, qui cherche à dépasser les limites de la figuration traditionnelle. Son approche multidisciplinaire et sa liberté d'expression ont inspiré de nombreux artistes.

Comilédie est une œuvre qui se nourrit d'une vaste culture littéraire. L'auteur établit des dialogues avec de nombreux écrivains, créant ainsi un véritable patchwork littéraire. Le titre même de l'œuvre est un clin d'œil évident à Dante. Cauda reprend le schéma du voyage initiatique à travers les trois royaumes de l'au-delà, mais le détourne en le parodiant et en le modernisant. Si Dante offre une vision grandiose et solennelle de l'au-delà, Cauda propose une version plus terre à terre, voire grotesque, où les personnages sont souvent des caricatures de nous-mêmes.

Joyce, Céline, Beckett : Ces auteurs, qui ont bousculé les conventions littéraires, sont des références majeures pour Cauda. Comme eux, Cauda joue avec la langue, la déconstruit, la détourne, pour créer un effet de dépaysement et de désorientation chez le lecteur.

Roussel, Artaud : L'univers onirique et absurde de ces écrivains a également influencé Cauda. L'écriture automatique : Cauda utilise parfois une écriture proche de l'écriture automatique, laissant libre cours à son imagination et à ses associations d'idées.

Rabelais : L'œuvre de Rabelais, avec son humour scatologique et sa célébration des bas-fonds, est une source d'inspiration pour Cauda. Une érotisation du langage : Cauda utilise un langage cru et explicite, parfois provocateur, pour explorer les thèmes de la sexualité et du corps.

Queneau, Jarry : Ces auteurs, qui ont inventé de nouvelles formes littéraires, ont également marqué Cauda. La littérature comme jeu : Comilédie est un livre qui joue avec les codes littéraires, qui expérimente de nouvelles structures narratives et de nouvelles formes d'écriture.

En résumé, Comilédie est une œuvre hybride qui puise ses racines dans une multitude de courants littéraires. En s'appropriant les codes de différents auteurs, Cauda crée un univers singulier et original, où le sérieux côtoie l'absurde, et où le langage est un outil de subversion et de création.


Paul Basso, extrait de Dante, Sade, Rimbaud, Cauda, Éditions universitaires européennes, 2025.





 

 

 

 
 
 

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