Laurence Fritsch
De longue haleine
dans le bref entracte de l’aube
j’aperçois
les brisures d’un rêve froid
les lignes d’un poème, obliques
les chemins fragiles de la vie
j’écris le long du mur de pierre
avec mes mots têtus
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tu serais un arbre calme
branches couples, feuilles veloutées
une longue chevelure pleureuse
tu abriterais mille secrets
d’illisibles visages, d’invisibles régions
il se peut que tu ne t’habitues jamais à l’ombre
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je laisserai les mots descendre
le long de mon corps
ta voix des pics de fer barbelé
cris qui hurlent sans fin
contre ma peau lacérée
des lignes de points d’interrogations
stigmates qui résonnent sans fin
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dans l’ombre oubliée
des dalles tumulaires
Thraces et Orphée
sur cette terre morcelée
des salles funéraires
vignes et colonnes ciselées
je vois Calliope et ses lauriers
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pourquoi ce stylet ?
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graver des textes tutélaires
enroule sur le volumen les vers
la poésie est un chant de longue haleine
Laurence Fritsch