Quentin Julien
Chemine onirique
Galope dans les prairies sur le dos d'une grande chèvre, serre ses cornes, rit sans couvrir le tintement des mille grelots accrochés à ses poils seigle, bats des reins à chercher la moquerie, qui tombera raide, sous les gros yeux fossiles des libellules.
Prends la compagnie du peuple des vergers. Le grand livre des sensations qui s'effluvent parfois en gouttes rondes, parfois en larmes, dans la joie des kakis et des poires. Plus oultre, enroulés dans des housses d'herbe meuble, les ventres amis, lisses de paix, dont l'œil creux reste attentif aux véhicules nuages.
Emprunte la route parsemée de flaques de ciel, contourne les porc-épics qui s'y roulent, laisse tes bottes s'enfoncer dans la boue. Tu n'es pas un chevalier aux pieds pointus comme les plumes des stylos. Plutôt un calligraphe de la marche. Et tes yeux brindillent l'horizon, ligne pointillée par des pylônes géants.