Richard Roos weil
L’œil s’attarde
Il faut trancher dans le vif
Et voir fusant devant soi
Ce grand trait
Qui se courbe et ondule
Rien
Seulement une ligne
Qui s’élève en volutes
En spirale
Avec ces phrases errantes
Cette impression de ne pas savoir
De devoir s’appuyer
L’air prend toute la place
Le chapeau roule
La corde la gorge se serrent
Faire signe
Enfouir sa tête
La main et son désir
De toucher sentir
Ce n’est que ça
Entendre et voir
Une déchirure
Un assemblage de couleurs
Une longue phrase qui se prolonge
Résiste s’enroule
L’eau des rêves n’est plus qu’un bras mort détourné
Ressentir
Par grandes coulées brassées
Lui mort
Et qui nous ressemble tant
Et l’autre qui n’a fait le tour de rien
Et qui au milieu du pont ose
« En ce moment aussi
Le gouffre est ouvert
Où tout se précipite
Avec un bruit de grandes eaux » *
Bien avant
Bien après la poussière sur les choses
Ces méandres ces vagues sur les murs
Basculer dans le jour
Briser les cercles les lignes de fond
T’ai vu étendre les bras pour t’appuyer
T’enfoncer te recroqueviller sous un porche
T’allonger sous un pont
Marmonner
Verse raconte ces voix troglodytes
Cette folle allure
Ce temps où la parole se déchire
Et paume et poing se ressemblent
La nuit nos mots sont mal écrits
Le bois joue
La table se fend
Certains reconnaissent leurs noms
A la couleur de leurs ailes
Et assurent que toutes les voix sont enfouies en eux
D’autres accusent
Impossible de savoir
Par les fenêtres
Les portes mystérieuses
L’eau est si proche du ciel
Qu’importe simplement la lumière
Et ce besoin de se draper
De plonger remonter à nouveau
Être seulement vivant
Au bord
À l’affût
Tout va vers le vif
Sans certitude
Le corps prêt à basculer
S’enroule
Se tient en équilibre
Les visages se retirent
Ne sont plus
Qu’un ovale
Une couleur
Les yeux sont plus loin
Se tournent
Vers ce qui s’élève se déplie
L’espace est proche
Au bout des doigts
Au bout des lèvres
Là va ton désir
Sur quelques photographies
On voit la main qui cherche
Griffe le papier
Touche doucement l’air
Ce que l’on voit s’entend
S’écrit
Le corps
Les mains se tendent
La danse est devant soi
Tu vas naitre tu respires déjà
Plus loin ?
Derrière ?
Cette enveloppante tournoyante
Musique
Et ces feuilles
Ces chutes d’étoiles
Sur nos manteaux
Entend
Le livre ne se referme pas
Tout est possible
Tu marches sur des carreaux de terre cuite
T’introduis par le soupirail
Te caches dans l’herbe folle
Trace
Lance le premier mot
La première phrase
Le vent passe par les fissures
Déborde par le haut
Les côtés
Fait de la petite voix qui habite notre langue
Un chant