Philippe Minot
Griseries
boîte en carton gris
pleine de petits secrets
gorgée d’une vie
silhouette gris sombre
trouant le luisant des lauzes
d’un ciel incongru
la ville en chaussons
on glisse en neige sans bruit
aux sons gris feutrés
grises inerties
scie de l’ici-bas si las
terne griserie
teint gris cils frémis
un sanglot glace ta gorge
le dire est de givre
au champ gris de givre
le ciel est vertige ivre
d’un noir sans étoiles
pinceaux au gros pot
comme en jarre maugréent roses
au gris grès morose
héron de grisaille
alourdi sous la pluie froide
que seul trouves-tu
merle blanc sur neige
trot à sauts - ponctuation
de trop de questions
le lichen grisaille
à l’ombre des grappes blanches
tracas d’acacia
le blanc sait le noir
l'un emmure l'autre esquive
l'ombre sait l'épure
au blanc le mot erre
et le vent seul sait se taire
muet à moitié
au sein de ma main
creuse crispée sur l’absence
l’écrin du mien rien
ciel bien gribouillé
larges hachures aqueuses
exsudant ses gris
chrysanthème blanc
fanant lentement au vieux
vent des temps déteints