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Valéry Molet

Le vide

 

Je ne vois pas les visages comme autant de dépôts d’ordures

De cuvettes ou de cellules dont personne ne pourrait rompre l’hermétisme.

Ce ne sont pas des plaquettes superposées de sang et de chair

Qu’une lame de rasoir époussèterait lorsque l’ennui s’émancipe même du néant.

Ils s’apparentent à la contre-offensive, parfois, de la mobilité sur l’immobilité,

De la beauté, même explorée, sur l’oligopole des laideurs,

De l’espérance d’une hypothèse non encore soumise à la pensée au balancement des rabâchages.

C’est à la différence des visages que l’on doit l’amputation du surplus de vide

Ce vide de trop qui propage la terreur de la vie et l’inclination pour la fin de vie.

Certains visages forment des grumeaux sur la pâte du silence

Comme des démembrements organiques sur un carrelage blanc.

Mais d’autres retentissent  simplement de la simplicité des beaux jours

Qui incluent la rémanence des ciels tordus de neiges et de percussions d’avions.

Bien sûr, les pneus rechapés des matins affriolent plus ou moins nos esprits,

Parfois gais d’une gaieté fuguant vers l’insouciance, ou lourds à dynamiter l’hélium et les soleils adjacents.

Le lait écrémé de tes joues s’adossent aux aubes

Et parfois, brunissent sous le châle des cils qui palpitent comme un cœur à terre.

 

Dès lors, je tire deux attitudes de ces observations

Premièrement, je ressens parfois la terrible insatisfaction du cachalot jadis puissant et désormais éventré sur la rive, que les crabes en touristes insatiables visitent en prenant les artères comme moyens de locomotion. L’effroyable vide de l’existence fait rougir jusqu’au néant qui palpite dans le creux de l’insignifiance de n’être rien. Comme mort. Je suis allongé sur le lit, les yeux plantés comme des bulbes sur le plafond où rien ne pousse, incapable d’un geste, foudroyé par le ridicule de cette mise en scène à laquelle je ne peux rien retrancher.

Valéry Molet a créé la maison d'édition Sans Escale https://www.sansescale.com/

Recueil de l'auteur à paraître en juin aux Éditions Ex æquo :

Le crématorium inutile 

 

 

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