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Textes du mois
Fabrice Farre
Alea
1
L’amour entre chez le rescapé sans boussole. Au sud, l’aiguille s’emballe, cherchant un nord revenu de vaines certitudes. Mais l’absence de pôle conforte l’idée que tout est perdu : le naufrage engendre alors celui qu’on n’aurait pu être, tant espéré, enfin trouvé. La fin, inévitable, s’émousse contre le récif droit de la vie. L’équilibre menacé révèle le tout premier matin autour de la main tendue.
2
Tu me peins le visage, il ne manque que les plumes tout autour. Sous ta main de glaise je prends conscience de moi, apercevant alors, dans le regard d’or du destin, le silex de mes os. Si quelqu’un passait, je pourrais, sous ses pas, tournoyer comme peut le faire un témoin de poussière.
3
On ne voit tomber dans le jardin que le blanc animé. Veuves de leur couleur qui n’en est pas une, les pies ont ainsi renoncé à la branche de l’arbre. Le soleil fait une révolution de plusieurs années, tenant derrière lui les piailleries, devant le temps de la chambre inquiète de sa calvitie précoce. Pourtant l’air chante
Dans FPM 26
Sandrine Davin
Sous un ciel à l’agonie
La nuit trouée d’étoiles
Bâillonne mes pupilles
...
Apprendre la langue de la terre
Et respirer le même silence
Là où la pierre prend corps
Là où les chairs rident le temps
...
Entre ciel et terre
Les paroles s’enracinent
Dans FPM 26
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