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Ma

vie

au vil

lage

Serge Marcel Roche

Non tout à fait sur le liseré des cases, mais en retrait comme sur un front près de la racine des cheveux, à l’abri des rouleaux de poussière, pas sur le quai trop à flanc de passage au bord de la plaie, d’un bout de clairière je vois la ligne de l’autre côté, identique, un rideau de troncs, de feuillages, ajouré par endroits, seul horizon à regarder, de ma trouée vis dans l’incision que j’ai faite et dans l’indécision d’être là ou de ne pas y être, entre des fiches, la lèpre et les crachats, pourrais être ailleurs aussi bien dans l’indifférence coutumière, pourrir et que ça ne leur fasse rien, car là n’est pas plus ou moins qu’ailleurs n’importe où, le ciel il en reste peu, etc. Il y a des trous sombres semblables à des linges pendus aux fenêtres des villes sales, qui tombent en chiffons miteux, des trous dans la face verte du rideau, avec des lianes queue-de-cochon, des passiflores, des qui n’ont pas de nom, tout un attirail botanique portant au désœuvrement, à la fornication, parce qu’on est rivé à la ligne qui longe la plaie, à la plaie qui la ronge, fixé à la cicatrice, toutes deux allant devant où l’on ne sait. Ils ont dit de laisser les bois, les orées, pour n’être plus entre ces lignes des sauvages, des pygmées, entre ces deux lignes qui vont à l’inverse de nous autrefois s’enfonçant sous les poussées guerrières dans la nuit verte, elles à la mer d’où part le sang sur des bateaux.

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