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Pierre Andreani

Lamentations au Totem USA

 

je suis brisé

comme un indien d’Amérique

 

je ne respire que la nuit.

je n’aime du soleil que la brûlure

j’ai peur quand le jour se lève que chaque personne s’active et bruisse

 

je sais

que j’ai l’air vexé par un coup de hache superbe

 

je ne suis pas malin

je suis le loup affamé qui s’attarde alentour l’horizon aux aguets, au poteau

 

Loup gris d’Amérique, mon frère

j’ai ton nom gravé sur le bras

j’ai ton sang dans les yeux au combat j’ai ceci, j’ai cela qui est toi

qui t’appartient

j’ai le goût du destin

Trois ligaments rompus

 


On a oublié de manger, peu importe.
C’est un genre qu'on se donne.
En visant plus bas, on verra
des mets en enfilade sur la table finale.

        *
 
Rendre grâce
à l’harmonie de passage
puisque rien ne prend racine.
Je m’enterre dans mes feuillets, je m’endors
les cervicales tressés, le souvenir brutal
de tant de sourires infects,
à faire fondre du sable sur sa langue
en rêvant d'obtenir une eau claire.

        *

Comment dit-on moi aussi en italien ?
Comment dit-on je ne veux pas ?
De quelle manière cela va-t-il rater, cette fois ?
Avec le temps  tout simplement,
comme d’habitude et sans surprise.
En ligne directe, avènement des utopies
vers la nouvelle année.

 




Verses-y un poison pur

 


En lutte contre un traitement nouveau
depuis plusieurs semaines.

        *

Le rythme cardiaque s’est ralenti,
la vitesse de propagation du venin.

Mon cœur se serre devant
les communications téléphoniques.
Cette peau solitaire qui se meurt,
trois tonneaux de vin,
des jeux, encore cigarettes et l’eczéma du matin.

J’admire finalement ces masses aveugles
déboulant comme un remous et qui se taisent,
cruelles, hermétiques à toutes secousses,
dont le palpitant jamais ne s’écarte de la mesure :
la mort même est ignorée.

 

 

 

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