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Oli Besson

Fournitures

 

Figure-toi un hameau un peu perché

qui porte un nom,

comme on porte un fardeau à la mode des mœurs.

Un nom coquet, charnel, délicat et chrétien.

Une bâtisse paysanne,

les loges d'un pépé fantôme,

au sourire, au chapeau, reposés sur la commode.

D'une vieille pleine de patience,

qui chante, chaude, survivante, à sa place,

et qu'on sent que ça va barder.

L'estomaque de mémoire,

une planche à découper, une cuisine de l'histoire.

Qu'est ce qui vous f'rez pousser?

Dans les bois des campagnes

des sentiers récitent les pas des promeneurs.

Avec une vive marche dénouement,

ils s'en vont faire un tour, ils reviennent.

Parfois on ramène des pleurotes.

Le décor planté,

Voici les fournitures.

**

Infusions coloniales

 

 Voilà l'aube gourmande de grimaces matinales,

 la goulue de l'embauche, avec la neige, la blanche.

 De derrière le comptoir, le patron, charpenté,

 annonce les commandes.

 Le boucan du percolateur.

 Goûter un café stricte

 ou dans un thé noir des stratocumulus.

 Il y a ici encore un piano qui roupille.

 Sur un fauteuil, un bonhomme,

 dans les couleurs du décor.

 Il a un jour à sa chemise, à propos d’ses boutons.

 Il a mit dimanche avec lundi, la veille avec aujourd'hui.

 La dame à ses cotés semble parler à son sac pileux,

 un peu comme à un chat, un bagage de compagnie.

 Lui doit lire un quotidien local, la rumeur voisine,

 les rocamboles du jour.

**

Rond

 

Rond,

rouler des queues de pelles,

fumer de ces fenêtres

d’où s’envoient en l’air

les danseurs de balcons.

Au front

d’un bistrot qui gamberge,

une musique s’inquiète,

grille des verbes braises,

feux rouges, constellations.

Gronde

la bamboche du printemps.

Au fond des verres, du vent.

d’Autan des fou savants

fantasment des potions.

Patron,

détrempes nos allures,

dis-nous combien ça dure

nos p’tites morts pour ton cul,

nos vies pour l’addition.

 

 

 

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