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Myriam OH

 

 

 

"Il y a ceux qui voient le verre à moitié vide, et ceux qui le remplissent ; il y a ceux qui voient le verre à moitié plein, et ceux qui le boivent. Qu'importe la tronche de la réalité, pourvu que l'ivresse la lui refasse de temps en temps. Nous avions les doigts les tripes et l'imagination nécessaires pour lui rendre son joli minois de princesse, mais de toute notre flemme nous préférons nous vautrer dans le canapé en écoutant le monde nous parler de cette sorcière que l'on brûlerait vive, presque, si la digestion de toutes ces conneries que l'on gobe de notre plein gré nous laissait un peu d'énergie. Alors, nous nous retrouvons, autour du café du matin, du verre de vin du midi, et des pintes de bières des happy hours, pour vomir sur les gros titres du jour ce monde - avec ses points noirs ses rides et sa graisse tout autour - qu'il faut changer à tout prix. Nous nous pensions en rage, alors que nous n'étions rien que des enfants sages. Il y a ceux qui attendent le bon moment, l'occasion qui fait le larron, l'alignement parfait de toutes les planètes ; et ceux qui chargent et saccagent tout sur leur passage. Sur le banc des impuissants, dieu raccommodera les seins. Nous avions les yeux pétillants de l'enfance la bouche en colère de l'adolescence et le cœur ouvert de la vieillesse pour rejoindre la meilleure version de nous-mêmes, mais à la pointe de notre ego démesuré nous préférons scier les branches de l'arbre des possibles plutôt que de nous prendre son tronc sur le coin de la gueule. Alors que l'arbre qui nous a précédé, et succédera probablement encore aux enfants de nos enfants, il en a vus - des automnes des printemps et des tremblements de terre, des tempêtes des éclaircies et des retours de flammes - et en est revenu, les pieds sur terre la tête dans les nuages et le fruit au bout de lui. Qu'importe la pomme verte ou pas mûre, pourvu qu'on croque dedans à pleines dents. Il y a ceux qui même au bout de leur vie courent encore après son sens, ceux qui plantent eux-mêmes les panneaux de signalisation par-dessus, et ceux qui préfèrent prendre un peu de hauteur - et même s'ils n'ont pas d'ailes, ils volent quand même par-delà. Par-delà les fortifications que le monde a bâties tout autour d'eux, par-delà les prisons dorées où ils préfèrent en rire plutôt que de chialer leur mère, par-delà l'attente et par-delà eux-mêmes, là où la vie n'en finit pas de rayonner de plus belle à la face de ceux qui froncent les sourcils et font la moue, au lieu de leur faire l'amour et prendre un peu leur pied eux aussi."

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