top of page

L'établi

Dans la course, hors circuit, Murielle COMPÈRE-DEMARCY (MCDem.), coll.  Carnets  de route ; 1ère éd. 2016 ; réédité en 2017

L’éditeur-poète Patrice MALTAVERNE a offert un compte-rendu juste et précis de ce recueil dans

Poésiechroniquetamalle le 7 janvier 2017 :

 

« Illustré par Jacques CAUDA, cet ensemble de poèmes retranscrit les rapports sociaux de travail existant entre exploités et patrons dans une perspective résolument tectonique.

Autant dire que ce n’est pas de la rigolade, car malgré tous les efforts des médias pour présenter la chose de manière agréable, la lutte des classes existe toujours, même si elle n’oppose, en définitive, que des pauvres aux riches.

Ces frictions sociétales se répandent hors du monde du travail, dans la société toute entière, par la

supériorité de la vitesse numérique sur l’adaptation des lois.

Et au milieu de tous ces impératifs de productivité, l’être humain, lui, survit comme il peut, avec ses ennuis

plus ou moins personnels, les maux hérités de sa condition, à la fois "Dans la course" et "Hors circuit". »

 

Lorsque Jean-Claude GOIRI, l’éditeur de Tarmac, m’a proposé de rassembler certains de mes textes dits "de révolte" ou "d’insurrection poétique", mon souci a été de regrouper ceux qui collaient à l’actualité. Une actualité d’autant plus brûlante que son état des lieux et ses évolutions ne cessent de s’acheminer vers une perte du lien social, du bien-être de l’individu, vers une exploitation croissante de l’Homme par l’Homme au détriment d’un respect de la dignité humaine. J’ai ainsi réuni des textes sur la précarité, la déshumanisation des lieux de soins médicaux, la maltraitance de l’environnement, les rapports sociaux rongés par la Finance. Comme le remarque justement Patrice MALTAVERNE, il ne s’agissait pas de rendre des coups de colère ou de cœur hors poésie (« Malgré cette présentation de fond, n’allez pas croire que le texte de Murielle COMPÈRE-DEMARCY ne serait pas poétique »). Ceci va pour moi de soi. Je n’aime pas beaucoup l’expression de « poésie engagée », car la poésie est, fondamentalement, engagée. Fenêtre ardente sur le monde (sur la Falaise effritée du Dire, aurais-je envie d’ajouter), elle ouvre sensiblement des points de vue, et la perspective que quelque chose d’autre survienne. Le défi est de trouver les mots justes (révoltés mais pesés, sans démesure) pour toucher les points sensibles et aller naturellement via le rythme, les images, les mots, toucher la sensibilité du lecteur. J’espère avoir réussi.

La lutte des classes n’est pas nouvelle. Ce qui est nouveau, peut-être, est la régression sociale des conditions de travail, donc des conditions de vie des individus exploités comme une masse informe salariale à laquelle on demande toujours plus de travail avec moins de moyens et de ressources vitales. Dans un contexte dominé par la Vitesse numérique et une mondialisation modulée par des intérêts économiques prééminents. Au dam de l’Humain. Ce non-respect de l’individu dans sa dimension humaine me touche profondément, et me révolte. Les pauvres continuent de s’appauvrir, où les riches continuent de s’enrichir et cet état des faits bouleverse aujourd’hui un éventail de catégories sociales qui ne cesse de s’élargir. Le Tout exclusif-Économique peut-il rendre l’homme heureux ? C’est une imposture, un abus de pouvoir exercé par certains, une élite. L’élite est-elle représentative de tout un peuple ? Nous sommes dans une situation qui nous amène en un clin d’œil d’anticipation (mais nous savions déjà que les Auteurs sont des visionnaires…) de l’univers d’un Orwell ou d’Alphaville de Godard (qui pour moi est un Auteur, exceptionnel et génial, de / du Cinéma) à la première décennie du 21e siècle. Face à cette maltraitance, et contre l’oppression et la soumission, la Poésie sort le révolver, chargé de balles à blanc, certes, mais dans

 

l’action d’une insurrection pacifique qui martèle, répète, crie qu’il faut que cela cesse. L’Écrit est entre le marteau et l’enclume, et cela chauffe, et cela fait mal, et l’on s’y fracasse parfois. Les plus grands poètes ont toujours dérangé le monde dans sa course aux étoiles (Maïakovski, Garcia Lorca, Pablo Neruda, Jean-Pierre Duprey, Francis Giauque, Antonin Artaud, …………)

 

Les éditions du Petit Véhicule du poète-éditeur Luc VIDAL a pour devise ces phrases de Suarès, qui dessinent aussi une des lignes de fuite novices de nos temps qui courent, et que j’ai moi-même citées en exergue de cette profération Dans la course, hors circuit :

 

« Il est possible que le livre soit le dernier refuge de l’homme libre. Si l’homme tourne décidément à l’automate, s’il lui arrive de ne plus penser que selon les images toutes faites d’un écran, ce dernier finira par ne plus lire. Toutes sortes de machines y suppléeront : il se laissera manier l’esprit par un système de visions parlantes : la couleur, le rythme, le relief, mille moyens de remplacer l’effort et l’attention morte, de combler le vide ou la paresse de la recherche et de l’imagination particulière ; tout y sera, moins l’esprit. Cette loi est celle du troupeau. »

 

Et quoi de pire que la manipulation ? La soumission ? Même, la résignation ?

La poésie sert à cela aussi : arracher les barbelés ou scier les barreaux de tout réel carcéral, ôter les

œillères, oser le risque de Dire pour ne pas / ne plus se taire.

 

J’ai essayé d’exprimer l’ensemble des problèmes sociétaux actuels dans le "Poème à Blaise Cendrars", ce poète s’étant toujours tenu et exprimé depuis le cœur vivant du réel, « du  monde  entier ». Les Éditions Tarmac s’inscrivent dans cette démarche notamment, avec sa devise :

 

«nous écrivons pour topographier nos territoires afin d’en abolir les frontières parce que rencontrer l’autre, c’est se soulever tout à fait »

 

« Se soulever », « se soulever tout à fait » …

Aujourd’hui, c’est l’Identité humaine qui est à retrouver. Nos territoires d’Humanité. Pour que nous nous retrouvions, à hauteur d’hommes.

 

Le poète Werner Lambersy a écrit cet aphorisme, si fort :

« Je nettoyais le poème / le coup est parti »

Jean-Louis Rambour m’avait confié que ces mots auraient pu servir à point à la com’ pour "Le Printemps des Poètes" de 2015 dont la thématique était : « L’insurrection poétique ». Oui, tout est dit, « l’Insurrection poétique » !

Dans la course, hors circuit a été édité dans la collection des "Carnets de route" des Éditions Tarmac, en 2016. Le livre a été réédité en janvier 2017, dans une version augmentée.

 

 

Dans la course, hors circuit a été édité dans la collection des "Carnets de route" des Éditions Tarmac, en 2016. Le livre a été réédité en janvier 2017, dans une version augmentée.

bottom of page