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Martine Cros

 

Des êtres presque nus

 

Des êtres presque nus
Des êtres presque nus dans des lieux enfoncés
cherchent un visage
Hommes Femmes ou encore aucun d’eux
s’aiment
s’égarent s’aiment
Seule, une tragédie vive les revêt
Est ce un lambeau de
ce qu’ils furent-fuient,
d’eux quelque fange
inévaporée
Peut-être est-ce leur
première volonté d’origine inconnue

De ces Carrefours noirs, des vagues de déesses
vantent leur écume
Sur la rive des ombres, blanche, l’églantine
de leur pubis coule à flots
violacée de leurs fronts à leurs seins
Ils tentent de croiser sous son or
la lavandière lune

Des particules d’êtres nés dans la cascade
dans le quartz
font bloc avec la gemme et l’eau
languissent de la main élue
qui extirpera
leur supplice de la roche
Ils ne respirent pas encore
ils sont falaise de silence
ils ne voient pas
n’entendent pas, juste une écorce qui craquelle
ils se taisent
dans le chant tellurique
de la nappe phréatique
cruelle qui torture
leurs failles intimes
leur instille le goût de la pluie
le reflet des étoiles

Des êtres presque nus
engoncés dans un bloc
informe et insensible
s’aiment, s’égarent s’aiment

Dans l’atelier
le maître attend
la divine apesanteur

ils ne voient pas
ils taisent
l’autre part de l’unité à venir

,et un nom
pour attendre

 
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