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Marine Gross

 

 

 

 

Pas de langue à délier

De foule à convoquer

Pas d'abri abritant

Quelques points perdus

Suspendus

Pas de langue couramment

Au ciel articulée

Reste au sol

Seul

Un corps dessaisi

De son propre mouvement

 

 

 

**

 

Le fait ne se décalque pas

Pas plus que le vent

Ne s'attrape

 

 

La langue

Donne épaisseur à l'air

Sépare et réunit

Articule le corps

Sans elle

L'air reste

Celui qu'il est

Ne se colore pas

D'humides haleines

Il reste froid

Par tous les matins

**

Mots figés dans du formol

Silencieusement alignés sur l’étagère

Rangés par ordre d’excroissance et de nuisance

Dans de nombreux bocaux

 

 

 

Mots écaillant le réel

Juste après la première griffe

Déflorant la matrice

Quand s’ouvre le déluge

 

 

 

Mots qui débordent

Qu’est-ce qui du bord

Déborde du mot

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