Lou Coutet
Il y a le chien assis à coté de nous
Il y a la pluie crachant
Sur nos yeux grands ouverts
Il y a les visages, les mains,
Les cafés, les angles de rues
Tous les lieux connus
Où qu’on regarde avec la tête
Il y a cette fille qui se maquille
Ce vieux qui tousse fort
Dans le métro
Il y a la marche lente et parallèle
À la Seine qui déverse son lot d’inconnus
Et de factice beauté
Il y a ce mec qui mâche un Malabar
Il y a les statuts et leurs regards
Fixes et sérieux sur le mien
Partout
Cette beauté lourde
Et fourmillante
Ces odeurs âcres ou fleuries
En quelques battements d’ailes on passe de l’un à
l’autre
–-Au mélange sacré-
Il y a cette étroite chambre
5 m carré de sale
Où rien n’est un hasard
Où tout objet a un but
Il y a ces jambes nues sur le lit
Et la télé qui diffuse les flashes
Des images colorées et épileptiques
Il y a le soleil derrière la fenêtre
Qui appelle à sortir
Flâner dans le quartier Latin
Il y a la nuit qui nous enveloppe
Il y a cette douce clope
Et cette bouteille bue là
En attendant la nuit
Qui nous autorise toujours à être
Il y a aussi la chaleur
Les lumières des bars exotiques
La Sourie Verte m’a mis le rouge aux joues
Il y a ici: musique, sourires
Chaleur, ivresse dans mon cou
Il y a les gens vus sur le chemin
Les gens aux étoiles sur la langue
Qui susurre à l’oreille
L’amitié de la rencontre de rue
Il y a même la beauté
Coincée là dans la rame du métro
Entre ces têtes pliées et les ampoules
Entre ces yeux rivés par terre
Et les mains qui s’accrochent
Il y a le retour enfin
La douleur dans les muscles
Il y a la bouche pâteuse
Et on s’endort comme des enfants
Demain ?