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Joëlle Thienard

 

La désespérance

 

 

Parfois elle filtre

dans un regard,

une attitude, un geste

mieux, un discours

jeté pêle-mêle

au hasard des mots

qui tissent une conversation,

Partage des heurts

souffrance dessous

les corps se meuvent

une illusion

pour cacher ce qui risque un peu

de faire surface, sournoisement.

On la sent, on la pressent

bien tapie sous une espérance

un autre ailleurs

un voyage, un but

une autre vie, profil

elle se faufile, elle s’en balance

de ces filets jetés sur le vide

elle est là, elle se maudit

d’elle-même

mais elle vit

La désespérance.

Elle torture,

le cœur lapide

même s’il fait semblant de vibrer

elle est sourde à ses cris d’ennui

elle se calfeutre, elle se love

la désespérance.
Je l’ai vue chez toi

je l’ai vue

je l’ai sentie, pressentie

elle se cachait, je l’ai surprise

c’est un malaise dans un sourire

appuyé pour ne pas tomber

qui surgissait sans crier gare

les lèvres sèches de trop parler

le front ridé de regarder

autant, plus loin,

chasser l’amour

et elle nous laisse le trou béant

dans le cœur et les mains vides

à combler juste dans le silence

qui se fait enfin, et avide

la lumière de la délivrance…

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