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Jean Leznod

Partir

 

Partir, c’est fuir, mais rester, c’est risquer de s’agglutiner et de se ramollir. L’idéal serait de trouver un juste milieu entre les deux. On peut notamment déplorer que la langue française ne possède pas de verbe du type rastir, pour décrire ces allers retours que l’on fait entre le monde et nous-même. Je rastisse, tu rastisses, il rastit, nous rastissons, vous rastissez et ils rastissent, au présent, conviendrait parfaitement à cette sensation de va et vient.

 

 

Feuille

 

Feuille blanche, désespérante feuille blanche, et pourtant, même s’il sait qu’il est bien trop tard, la nécessité d’écrire, même à une morte, est vive et le tiraille sans relâche. Il a besoin de lui parler, au moins une dernière fois. Mais comment lui écrire, et par où commencer ? Le premier mot arrive sous forme d’une larme, qui descend le long de sa joue, puis vient une deuxième, et ainsi de suite. Elles empruntent le même chemin, formant un lit pour ses pensées, amères et nostalgiques, qui s’échappent enfin. Il était temps. Puis le torrent s’assèche et les mots se répandent sans s’arrêter sur la feuille blanche jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de place ou presque, d’une écriture passionnée, une dernière chance pour lui dire à quel point il l’aimait.

 

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