Jacques Lallié
Libre
Dans le parc
Pas sur pas
L’écriture file
Premier souffle de joie
Un appel clair de l’arbre
Arc-boutant de la guérison
Racines il inspire
La vie peut
Accueillir la vie
La nausée se dissipe
Lucide je reprends
Mes syllabes
Elle est là
Fière, mielleuse, toute ovale et craintive
Un tissu violet retient sa crinière noire
A nouveau nous sommes deux et trois
Elle écoute sans ciller
L’œil vert ombrageux
Dans ma jeune assise
Mes paroles sont dignes
Tenant en joue le mensonge
Chacun reprend son chemin sa liberté
Elle pleure et fuit
Portant en elle
Notre alliance battante
Je frémis sans cligner
La branche se remplit de sève
Pour toujours
**
Ivoire
Poupée gironde
Les seins en offrande
Une taille à prendre
Avec tous les bras
Peau en lait yeux doux clairs
Qui crient leur consentement
Mille fois ce sourire sudiste
Avec pourtant cela
Ce grincement derrière
Le feu qui ne monte pas
Un jour ton sexe s’est tu
Intrusion dictatoriale
Au bout proscrit
Sapant l’innocence
Porcelaine craquelée
Une note sacrée
Gémit dans le gel
Muni d’offrandes
Aux côtés un burin
Pour rompre les amarres
Mon arme est tordue
Avant même le premier coup
Des falaises de pudeur
S’érigent dans l’effroi
Recul d’une chatte
Elle choisit l’artifice
Se drape de sortilèges
Cloitrée dans la tour laiteuse
Son silence froid bruit
Ce que je sentais
Si chaudement
Soudain m’échappe
Quel secret ai-je
Pris à la mémoire
Moi le sincère
Moi le boiteux
Une oraison
Inconsolée
Extraits de l'ensemble Sombriété