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Jacques Jean Sicard

Frag

ment

s

 

Vers l'autre rive de Kiyoshi Kurosawa

 

 

C'est si facile de mourir, que nous ne nous en apercevons pas. Ne pas s'en apercevoir, fait que mourir dure longtemps. En apparence, rien ne change, la vie reste courante, l'avenir a ses airs primesautiers de devenirs - à l'exception de menus détails. Le rayon du soleil est moins chargé de poussières, le geste simple paraît le temps d'un clignement décomposé, il lui manque un vingt-quatrième de mouvement. Ou bien l'outre-tombale couleur orange d'un vêtement. Et puis, à l'improviste, il n'y a plus rien. Non, il y a encore quelque chose. De l'ordre de l'évaporation. Suspens, brume qui demeure, où nous pouvons relever une trace de reconnaissance, croire entendre le son d'une voix. La paix n'est pas le nom qu'on pourrait donner à tel flottement - le paisible, oui. Tout, là, qui n'est plus rien et qui continue, est paisible. Nul ne saurait en complexifier, subvertir, nuancer, approfondir l'acception, elle si nue, d'une nudité infiniment élastique que, comme au coin d'un feu en hiver, s'en tricote l'épouvante. L'épouvante du paisible. 

 

 

 

 

 

 

 

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