Isabelle Bonat-Luciani
Quand tu mourras je serai ton ombre.
Comme on a vécu.
Je verrai ton nom
Je verrai ton visage
J’imaginerai ton regard
Et j’entendrai ta voix
Ce ne sera pas la tienne
Mais qu’importe
Ce ne sera pas ton nom tout à fait non plus
Ni ton visage
Ni ton regard
Pas plus que ce toi dans un autre
Pas plus que tu ne pourras mourir vraiment
Tellement entre nos vies
Nous avons vécu
D’autres espoirs
De vivre tout à fait.
Quand tu mourras je serai ton ombre
Plus que la mienne
Entre nous.
Je verrai ton autre nom
Je verrai ton autre visage
J’imaginerai ton regard
Je saurai lequel m'était adressé
Pour de faux
Pour de vrai
Et je m’entendrai répondre ta voix
Que j’ai cherché à lire
Partout où les silences
Taisaient nos vies.
Quand tu mourras
J’irai recouvrir ton ombre
A la faveur d’un soleil
Là où ma gorge
Saura accueillir une miséricorde
Sans la crainte de survivre à nous-mêmes.
Quand tu mourras
Je n'aurai plus d'ombres
Ni à prendre
Ni à tenir
J'aurai le même visage qu'on me donne sans toi
Quand sans toi
Seule
Je demeure
Ce que je ne sais pas être.
Quand tu mourras
Il me faudra devenir.