Gaëtan Lecoq
Résistance 1
Noircir nos mains à l’ultime combat
Courir à jamais au devant des brisants
Toucher le clair obscur de nos déveines
S'enthousiasmer d’une île comme seul havre et seule terre
Jaillir du feu pour connaître son cœur
Et lutter pour vibrer toujours
Les maîtres de nos destins ne sont pas prêts de dormir
Nous ne leur laisserons ni cordes ni fantasmes
Ils devront fouiller le fond de nos entrailles pour trouver les raisons de nos haines
Qu’importe leurs caprices leurs querelles et leur insolente morgue
Et si lucide est le chemin
Si le feu de midi embrase nos calvaires
Si la nuit s’ouvre sur une toute lumineuse flamme
Si demain n’est que pas dans la montagne
Alors nous aurons la joie de la brûlure comme lueur dernière
Résistance 2
Vaine pluie sur le monde s’abat
Nul n’aura prise sur toi Terre tu connais ça !
Potentats magnifiques
Eructants pathétiques
Revenus Parvenus Devenus
Tous à ta jambe s’inclinent
Inutiles pantins aux moulinets d’argent-toc au poignet
Porteurs de prétentieux discours
Demain tu les verras t’implorer incrédules gisants
Alors de ta pluie viendront l’herbe et le grain
De tes mains la lumière
De tes reins les naissances sous leurs stériles ruines
Tu caches tes derniers justes sous l’ombre de tes ponts
Tapis aux gouffres de ton silence
Ils apportent pourtant un premier soleil
Des sourires neufs
Et dans leur besace des verbes et des promesses
Nul n’aura prise sur eux puisqu’ils sont immortels
Nul ne les anéantira car ils sont tes enfants
Demain
Demain viendra
Résistance 3
Rugir, fit-elle
Et elle tendit les mains
Les doigts crochetant le vide
Arrachant au silence les mots qu’elle ne pouvait dire
Sa tête dodelinait comme celle d’un boxeur aveuglé de son sang
Rugir !
Il est parfois trop tard
Son combat lui jetait des étincelles troublées
Des humeurs vibrantes
Des orages en rafale,
Des fardeaux insoupçonnés
Rugir
Elle regardait ses mains qui n’avaient rien pu faire
Eteintes maintenant pantelantes
Ses mains…
Elle cherchait un sens à tout cela
Interrogeant ses paumes d’un regard étonné
Elle les croyait plus fortes
Plus fortes que les mots
Ses mains flétries calleuses
Des mains de petite vieille.
Dans l’aube laiteuse elle a pris son baluchon fermé le casier rendu la clé
Puis elle s’en est allée la tête vibrante encore de mots enfiévrés
Enfouis quelque part à l’arrière de ses lèvres
Rugir, dit-elle
En s’adressant aux nuages
Puis elle baissa le nez en franchissant la grille