François Desnoyers
Bien balayer les chuchotements
Retenir l'air
S'il le faut, poster des gardes à l'entrée comme à la sortie
Les armer de fusibles
Déclencher le mécanisme des couleurs et de l’incandescence
Attacher la lumière aux câbles de l'arrière scène
Laisser les ombres suspendues aux remous de leurs divergences
Ne rien dire surtout, s'enfermer dans les obligations
Clouer ses décisions les unes aux autres
Se nourrir de cliquetis
Aligner les signatures, se rendre imperceptible, atone, puis pressentir Dieu à l'aide d'un commutateur, se préparer, quoi...
Peut-être
que la noirceur a un nom
que nos prières peuvent se passer de fils électriques
Ou encore
Sans l'appui des champs magnétiques, s'enfoncer dans le rude hiver, oublier que tout cela existe
On sent l’étonnement d’avoir parlé tout haut
Cela remonte aux premières fissures de notre enfance
Cela s'intrique à toutes les traductions de la chair, à nos voix de papier
« Vous en prendrez bien un dernier? »
Nous mangerons les veines de notre angoisse
Nous marcherons loin des lampadaires, le souvenir en laisse, aussi fidèlement que possible: J'ai nourri le chien, ramassé la crotte, enfouis ma vie dans un sac
J’ai haleté devant la crue des virgules, moi aussi
La patience nous atteindra de plein fouet !
On enferme ce qu'il vient de dire dans la rangée du fond, au comptoir des retours, entre les ajustements au compte et les mauvaises notes au dossier
(S’il avait été en mesure de s’expliquer, les choses certainement auraient tourné autrement)
Sa regrettable bouche
Ses mains par tranches
Son futur en porte manteau porte la fumée des choses achetées
Quelques chiffres lui ressemblent, selon les circonstances
Le temps de mesurer la matière qui reste