Christophe Ferragne
Presse-agrumes
Je te vois, allongée
Capillaires de pointes shampooinées
Minois d'animal tracé au rythme des sourires
Des bouquets de fleurs qui tournent à la place des yeux
pour étourdir le plaisir
Battements imperceptibles des veines
de ton grand fleuve cou
Je l’enserre et ose y plonger
l'éreinter
Le flot coupé, la lèvre violette,
tu te noies sous tes yeux
hésitant à l'extase de l'étouffement
Petit cris de poussin pris d'une envie de coussin,
tes souffles sont les serpents enlacés du larynx
des squelette d’anneaux spongieux broyés
Ton désir soudain de phallus vertébral
de la matrice du verbe enfin emplie de silence vrai
Fentes humides de la face
Anfractuosité de lèvres
Ton sexe trempé
Ta main se colle à la mienne
et aide mes doigts à couper court à ton cœur
De ta bouche exhale un dernier parfum
comme l’intérieur même de la peau d’une mandarine