Antoine Maine
D’elle ou de lui
D'elle ou de lui qui repoussa la porte
A qui cette main posée sur le battant
Dans les veines encore la sève qui coule
De cette vie-là et d'une autre vie
Contre la clôture s'efforce le vent
Souffle sa peine en langage animal
Ici donc commence la nuit du dehors
Il y avait un jardin comme un monde
En plus petit peuplé d'arbres à l'écorce
De velours et dans la brassée des feuilles
S'élevaient tant de musiques anciennes
Aériennes mélodies des linottes
Lignes et volutes en livrées colorées
Campanules dans la chevelure du ciel
Et maintenant dans l'au-delà du jour
Sur le bord d'un fleuve à dos argenté
Dresse la tête comme un mendiant aveugle
Main tendue pour trouver l'épaule amie
Main refermée sur une poignée d'atomes
Et c'est bien là ce que chacun connaît
Longtemps devant sera la solitude
Qu'avions-nous donc laissé dans ce jardin
Un chemin de pas qui s'éloigne dans
La lumière étroite des premiers matins
Une liasse de jonquilles abandonnées Sur la mousse épaisse des bas-côtés
L'herbe lissée sous la masse des corps
Entrelacés et l'abeille envolée
Entre les troncs noueux des blancs pommiers
Longue est la voie que l'on fait à rebours
Dans la paume encore un peu de chaleur
Et c'est le froid bientôt l'hiver venu
On dit que tout s'endort que tout se meurt