Ada Fénor
Variations sur un thème : Frontières
Ceux qui parlent, nonobstant leur bonne volonté, ne répondent pas toujours, cependant. Abîme qu’il y a entre la question et la réponse, surtout lorsque les enjeux sont grands. Plus on grandit les enjeux, plus il y a de questions dans la question, et alors, je vous le demande – sans grand enjeu, rassurez-vous – comment ne pas répondre à côté ? Il y a un à-côté des questions tout aussi passionnant, plus, plus en certaines occasions, que le centre du sujet, mais peut-être pas tout à fait de la même nature que la périphérie : et la distance ? Je ne vous en parle pas. Calculs savants à la clef, on n’en aurait jamais fini, plus les à-côtés de mise, les excursus involontaires, les parenthèses qui multiplient le propos, les divagations, les oublis, les tiens-je- me-rappelle, les silences évocateurs…
Oxydation. On jettera un regard à nul autre pareil afin de découvrir entre les choses des points, des minutes, des pensées, d’autres regards, des grains, des mécaniques, des paons, des êtres dans les êtres, des rues dans les ruelles, de l’horizon dans l’ici, du là-bas sous son pied, du connu dans l’inconnu, du silence dans le propos, du propos fabuleux dans une bouche close, du
rire dans un plis de l’œil, des géographie, physique, biologie, poésie (ornement de la science), de l’ordre dans le pêle-mêle, du superfétatoire dans les grands mouvements, de l’insondable où tu ne sais, du reflet dans les vitres, des mondes dans les vitres, des gonds entre les choses qui grinceront si tu n’y prends garde, si tu n’en prends soin, si tu n’y lis pas, dans l’univers des choses innombrables, qui grinceront ainsi que savent faire toutes les portes inusitées !
D'autres textes dans le FPM 20 de septembre 2018