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à poing levé

Hervé Jamin

La fille nue du printemps

la décalcification lente du jour sur les plaies ouvertes de la mémoire empalée un paysage de pantalons à pattes d’éléphant dans une jungle trop courte ici tout commence avant zéro et finit juste après les âmes solitaires vont par deux les âmes trisomiques par quatre l’ablation du ménisque fut un système animique qui le conduisit à l’anémiée Amérique si cela peut vous faire plaisir et raconter encore les histoires de l’oncle n’ayez pas peur il ne s’agit que de mots la virtualité étant la seule réalité digne de foi solo ipso l’évêque Berkeley enlève sa soutane de carnaval et se regarde nu dans le miroir son gros sexe flasque pendant entre ses cuisses larges et couvertes de poils noirs la philosophie est une étape majeure dans l’histoire de la dérision universelle il soutient facilement le contraire de tout car les mots ont une fonction inutile les colibris virevoltent avec légèreté autour des soutanes rétrécies des fleurs luxuriantes biologique tout est vert dans l’univers les lunettes fouillent dans le ciel les restes d’un repas Dieu à l’origine de toute chose bien avant le zéro quand rien ne rêvait encore de commencer bien avant les prémisses bien navrants pénis la décalcification commence tôt le matin à l’ombre entre deux égoïstes forniquant pour le bien de la prochaine humanité la femme et l’homme naîtront égaux en droits et en gauches Dieu se soutirera l’omoplate gauche et la placera à droite à la place de l’omoplate droite dont il fera la gauche ainsi sera fait le jardin d’Éden sera ouvert dès huit heures trente le matin et se refermera le soir sur lui-même telle une huître à marée basse et il sera interdit de déposer les enfants dans les poubelles et ainsi sera fait ce qui devait être fait la décalcification dactylographiée par la standardiste satanique du seigneur rouvrira nos plaies nos mémoires pâliront de jalousie dans la blancheur de lune que dire encore qui puisse faire changer le cours des choses les mots sont les choses mais toutes les choses n’ont pas leur mot à dire Dieu seul sait de quoi Il parle et pour cela invente le silence le bruit de fonds cosmique brise le verre des lunettes les ânes réparateurs sous l’ascendant de Trisome Trimégiste reprennent leur chemin sur la voie lactée ils apportent la Bible à l’enfant né à Damas et mort sous les bombardements dans la plus grande indifférence ils lui présentent leur offrande mais il est déjà mort et ne veut plus parler ainsi fut fait Berkeley constate la présence de poils gris-sel sur ses couilles et se met à prier en lui-même pour être certain de son effet l’Amérique amnésique nouveaux remparts à bombarder les banquiers ont pris position et leurs mensonges nous font un bien fou le dividende de la foi se paie au centuple de l’effort menstruel lequel est une douleur faite à l’homme pour acquérir la femme à sa gauche le pénis de l’autre à sa droite la vulve gonflée au botox de sa moitié entre eux les banquiers organisent les noces
du printemps
mais la fille absente pleine d’absinthe
se vante d’être pleine
et chante les trois banquiers sur leurs dromadaires repartent de Damas la queue entre les jambes et passent le relai aux vendeurs d’âmes ils ressortent leur assortiment de missiles sol air air eau sol soleil il fait chaud alors ils reprennent un double scotch en bombardant joyeusement une école
trente et un enfant et demi perdent la vie sous les décombres respirant les gaz à effet de serres des rapaces dictatoriaux
la fille du printemps nue sous ses oripeaux
pleine et déjà dégoûtée de l’enfantement pose ses pieds sur le sable du désert et disparaît

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