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Photo du rédacteurJean-Claude Goiri

comment c’est

La chambre est aussi propre que celle d’un hôpital. Tout est rangé. Rien ne déborde. Sauf une odeur de javel qui traîne jusqu’au salon. Seule une bouteille d’eau émerge des surfaces, sur la table de chevet. Celle-ci n’est qu’une caisse en bois remplie de livres bien rangés. Entre du Beckett, du Garcia Marquez, du Michaux, du Tzara ou du Gary se trouve le Don Quichotte. L’homme dort sur le lit, les bras en croix. Il est tout habillé. Seuls ses pieds sont nus. Des rires et des bruits de vaisselle entrent par tous les interstices. L’homme se réveille et s’ébroue. Il se passe les mains dans le peu de cheveux qu’il lui reste. Il détend son cou et fixe le graffiti sur le mur qui lui fait face : comment c’est. C’est bien la seule chose qu’il y a aux murs. Des murs nus, sans papier peint, blancs, uniquement protégés à la chaux. Il regarde la boîte de médicaments qu’il avait dans les mains, se concentre, et en prend un.

***


Dans Tectonique de l'aube, éditions Tarmac.

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2 Comments


Re Chab
Re Chab
Mar 18, 2023

l'eau de javel rendra-t-elle les ouvrages rangés dans la caisse plus lisibles ?

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Jean-Claude Goiri
Jean-Claude Goiri
Mar 18, 2023
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si l'eau de javel représente l'inconscient collectif, c'est à voir et à sentir

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