Jean-Claude Goiri
Quand j’écris j’inscris des textes polymorphes qui peuvent se concevoir comme une forme de calcul démontrant quelle place l’autre prend en moi, jusqu’à quel point peut-il inter-venir et provoquer un changement, jusqu’ à quel endroit participe-t-il de mon être physique et mental en soulevant une de nos plaques respectives.
Ne connaissant pas la réponse, je tente de comprendre par l’écriture au moins le questionnement de l’autre, de décrire sa subduction, de laisser voir son altération sur moi, de ne pas le garder au loin mais de le faire vivre en moi entre rêve et réalité, aux interstices de l’être.
Parce que l’écriture dessine des fissures longilignes propres à laisser passer une lumière aussi faible soit-elle. Ou au mieux, des failles dans lesquelles il faut pouvoir se mouvoir. Des faiblesses et des failles rendues alors nécessaires pour que notre voix mue.
Ainsi j’écris pour que mon corps prenne moins de place afin de me glisser partout et de devenir autre chose qu’un corps encombrant et malhabile, dépendant de ses besoins, afin de me faufiler dans toute ouverture ou dégradation à même de créer un être aliéné par son sentiment de liberté.
Et je crois en la capacité libératrice et révolutionnaire de l’écriture, de l’art et de la philosophie.
JCG
Jean-Claude Goiri